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Commission des Champs de bataille nationaux

Plaines d’Abraham

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UN ÉPISODE DE LA GUERRE DE SEPT ANS

Le conflit en Amérique : aperçu général

Forces en présence

Lors d'un affrontement au lac George en septembre 1755, le commandant des troupes françaises en Amérique, Jean-Armand Dieskau, est blessé et fait prisonnier. Il s'avère donc essentiel pour Versailles de lui trouver un remplaçant. Or, les officiers généraux ne se bousculent pas pour servir en Amérique, d'autant plus que le spectre de la guerre plane sur l'Europe. On doit conséquemment se tourner vers des officiers de rangs inférieurs.

Louis-Joseph de Montcalm, artiste anonyme, Bibliothèque et Archives Canada, C-027665

Le choix s'arrête sur Louis-Joseph de Montcalm, un militaire de carrière, comptant plusieurs campagnes en Europe à son actif. Celui-ci est nommé maréchal de camp et quitte pour la Nouvelle-France en 1756 avec de nouvelles troupes. Les soldats dirigés par Montcalm sont d'abord formés d'hommes des troupes régulières qui relèvent du ministère de la Guerre : huit bataillons d'infanterie venus en Nouvelle-France entre 1755 et 1757, tous formés de 13 compagnies – 12 de fusiliers de 40 hommes et une de grenadiers de 45 hommes. Parmi les hommes dirigés par Montcalm se trouvent aussi les Troupes de la Marine, campées principalement aux postes importants de la colonie – Québec, Trois-Rivières et Montréal – et le reste dispersé dans les forts de frontières et les postes de commerce – Chambly, Saint-Jean, Saint-Frédéric, Carillon, Frontenac, Niagara et Détroit. Les compagnies de la Marine sont au nombre de 30, puis sont augmentées à 40 dans les années qui suivent le début des hostilités. Enfin, le commandement militaire peut aussi compter sur la milice : chaque paroisse possède au moins une compagnie; Québec en compte 10 et Montréal 1311.

Du côté britannique, en 1754, les troupes déjà présentes en territoire nord-américain sont dirigées par le major-général Edward Braddock, commandant en chef en Amérique du Nord. Deux régiments sont déjà présents sur le territoire : le  44e et le 48e. Les inquiétudes liées à la guerre de Sept Ans incitent le Secrétaire d'État à la guerre en Angleterre, Henry Fox, à envoyer des renforts dans la colonie afin de rendre l'armée en sol américain plus complète et mieux formée. En effet, comme il le mentionne, le conflit qui s'amorce est différent des autres guerres coloniales vécues en Amérique du Nord : les Britanniques auraient cette fois-ci à faire face à des soldats français entraînés, les mêmes que ceux qu'ils ont affrontés lors de la guerre de succession d'Autriche – en comparaison avec la m
ilice canadienne et les Amérindiens qu'ils avaient combattus dans des conflits antérieurs12.

Quoiqu'il en soit, devant la menace d'un conflit en Amérique du Nord, la France et la Grande-Bretagne envoient des renforts aux troupes déjà présentes dans les colonies, ce qui porte leurs effectifs recrutés en Europe à environ 5000 dans chacun des camps. En ce qui concerne la milice et les alliés amérindiens, les forces en présence en Nouvelle-France sont d'environ 10 000 et de 1 800 respectivement. Sur les 10 000 colons en âge de se battre, au moins la moitié d'entre eux servent régulièrement. Quant à eux, les Britanniques comptent sur une population coloniale vingt fois plus élevée, et donc d'un réservoir de soldats beaucoup plus grand13.  En plus d'envoyer des renforts, la Grande-Bretagne fournit à ses colonies, en 1755, 10 000 livres sterling et 2 000 fusils14.

Au fil des années, l'écart entre les troupes françaises et britanniques ne cesse d'augmenter : la Grande-Bretagne envoie de nouveau plusieurs troupes en 1758, met en place un commandement unifié, assure le transfert des munitions et des ravitaillements à ses troupes, crée une infanterie légère de plusieurs régiments provinciaux qui maîtrisent la « petite guerre » et qui peut ainsi faire face aux Canadiens et aux Amérindiens qui préconisent la guerre d'embuscade. Bref, la Nouvelle-France et ses troupes se mesurent à une armée beaucoup plus nombreuse et très bien équipée dans une guerre qui, dès 1756, s'annonce comme une lutte à finir.

 

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