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Commission des Champs de bataille nationaux

Plaines d’Abraham

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LE SIÈGE DE QUÉBEC

Stratégie

Armée britannique Principes et actions

À l'hiver 1758-1759, Jeffery Amherst, nouvellement nommé commandant en chef de l'armée britannique en Amérique, prépare la prochaine campagne contre la  Nouvelle-France, campagne que lui et ses supérieurs espèrent finale. Il reprend, pour ce faire, le plan élaboré par un de ses prédécesseurs l'année précédente, le major général John Campbell, Lord de Loudoun. Ce dernier avait conçu une stratégie basée sur une attaque simultanée sur trois fronts : la vallée de l'Ohio et le lac Ontario ; le lac Champlain et la rivière Richelieu ; la ville de Québec. Ainsi, par ces trois routes, les trois armées allaient converger vers le cœur de la colonie : Montréal et Québec. L'expédition contre le fort Niagara est confiée au général de brigade John Prideaux. Amherst prend pour sa part le commandement des forces qui emprunteront la voie du lac Champlain et du Richelieu. Quant à l'expédition contre Québec, elle est confiée à un jeune officier de 32 ans qui s'est fait remarquer lors de la prise de Louisbourg et à qui l'on donne le grade temporaire de major général: James Wolfe.

Pour préparer sa stratégie d'attaque, ce dernier dispose d'informations recueillies par  un ingénieur de l'armée, le major Patrick Mackellar, qui avait été détenu à Québec quelques années auparavant. Même si certaines données concernant la défense de la ville étaient erronées ou manquantes, le rapport de Mackellar est très utile au major général. Celui-ci, à l'instar de Phips en 1690, envisage de débarquer à Beauport pour ensuite traverser la rivière Saint-Charles et attaquer la ville de ce côté. La côte de Beauport n'offre en effet aucune défense naturelle, ce qui facilite un débarquement. Le général est toutefois prudent tant qu'il n'aura pas reconnu le terrain et considère donc d'autres options. Parmi celles-ci, on note la possibilité d'effectuer une attaque en amont de la ville. De plus, Wolfe élabore également une stratégie au cas où il ne pourrait prendre Québec. Si cette situation se produisait, pense-t-il, il pourrait incendier la ville par des bombardements et brûler toutes les récoltes des environs, condamnant ainsi les habitants de la région à la famine.

D'ailleurs, cette idée de s'attaquer à l'approvisionnement survient très tôt dans la stratégie britannique. À l'hiver 1758-1759, le contre-amiral Philipp Durell reçoit l'ordre d'intercepter les bateaux français qui tenteraient de rejoindre Québec au printemps. Il devait pour ce faire quitter Halifax le plus tôt possible et se positionner dans le fleuve dès que la fonte des glaces le permettrait. Or, Durell ne quitte Halifax que le 5 mai et atteint le Bic le 21. C'est trop tard, plus d'une vingtaine de navires français sont passés quelques jours plus tôt.

Le succès de la campagne britannique de 1759 contre Québec repose en grande partie sur les navires et les marins de la Royal Navy. Commandée par le vice-amiral Charles Saunders, la marine a su transporter sans embûches les soldats jusqu'à Québec en remontant un fleuve pourtant très difficile à naviguer. Il est vrai toutefois que les Britanniques reçoivent alors l'aide de pilotes français, Denys de Vitré, Martin Dechenique et Augustin Raby, qui avaient été faits prisonniers et que l'on menaçait de pendre au mât d'un navire s'ils refusaient de conduire la flotte à destination86. De plus, les Français n'ont rien fait pour gêner leur progression. La milice disposée sur la côte n'y était que pour observer l'ennemi et transmettre de l'information relative à sa flotte (avancée, nombre de navires, etc.). Montcalm avait bien prévu installer une batterie au Cap Tourmente, passage obligé pour tout navire désirant aller à Québec, mais celle-ci n'est jamais construite. De même, il a été envisagé de bloquer la « Traverse », mais cette idée s'est avérée techniquement impossible à réaliser.

Les premiers navires à s'ancrer dans le fleuve à la mi-juin entre l'île d'Orléans et l'île Madame sont ceux sous la gouverne du  capitaine William Gordon, lui-même sous les ordres du contre-amiral Durell. Ceux-ci sont rejoints par le reste de la flotte britannique entre les 21 et 27 juin.

Wolfe réalise assez rapidement qu'il devra laisser tomber son plan initial d'un débarquement à Beauport. Des camps, des batteries et des redoutes y ont été construites par les hommes de Montcalm, ce qui complique grandement l'opération. Le général français a anticipé les intentions de son ennemi et a fortifié l'endroit, obligeant ainsi le général britannique à repenser sa stratégie.

Même si son plan initial tombe à l'eau, Wolfe constate néanmoins que les hauteurs de Pointe-Lévy ne sont pas fortifiées et qu'il pourrait conséquemment occuper ce lieu stratégique assez facilement. L'objectif initial est d'éviter que les Français n'y établissent une batterie qui empêcherait les navires britanniques de s'ancrer à l'ouest de l'île d'Orléans. Les hommes de Monckton vont donc prendre la place malgré une opposition de 40 miliciens et 200 Amérindiens87. Dès lors commencent les travaux pour y ériger des batteries.

Des centaines d'hommes se mettent à l'ouvrage. Les Français essaient de les en empêcher par des bombardements, mais ceux-ci s'avèrent être très peu efficaces. En raison de la position des artilleurs français, moins élevée que leur objectif, il leur était très difficile d'atteindre les Britanniques. Qui plus est, la quantité de poudre était très limitée et devait par conséquent être utilisée modérément. Après une dizaine de jours (soit le 12 juillet), les artilleurs britanniques sont prêts. Les bombardements peuvent commencer.

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