La défaite subie par les Britanniques à Montmorency porte un solide coup à Wolfe. La décision d'attaquer à ce moment avait été prise après plusieurs semaines d'indécision et de tergiversations et l'opération avait échoué. La défaite met le général en furie; colère qu'il déversera principalement sur les Grenadiers dont il critique la conduite impétueuse, irrégulière et indisciplinée. Tous trouvent ces accusations exagérées. La critique n'est d'ailleurs pas sans altérer les relations entre le général et son état-major.
Des mesures sont prises par le général pour la suite du siège. Il donne d'abord l'ordre d'occuper les troupes pendant qu'il prépare une autre attaque. Il fait aussi renforcer le contrôle du fleuve Saint-Laurent en amont de Québec. De plus, la campagne de peur et de destruction menée depuis juillet 1759 prend de l'ampleur. Pendant cet été, qui paraît certainement interminable pour les villageois qui habitent les terres en aval et en amont de Québec, les hommes de Wolfe brûlent environ 1400 maisons, granges, fermes et églises. Ces opérations sont en grande partie menées par les Rangers et les hommes de l'infanterie légère104. Wolfe fait aussi augmenter le rythme des bombardements sur Québec. La nuit du 8 au 9 août est particulièrement dévastatrice; la basse-ville est attaquée et trois incendies éclatent simultanément105.
Mais, plus important encore, la défaite de Montmorency en juillet 1759 entraine une rupture entre Wolfe et ses brigadiers. Ces derniers, qui ont passé l'été dans l'attente d'un combat, voient enfin leur commandant prendre une décision. Mais celle-ci est désastreuse. Le ressentiment envers Wolfe à la suite de la défaite est décuplé et les critiques se mettent à fuser de toutes parts, plus particulièrement de son état-major avec qui les relations se font de plus en plus tendues.