L'année 1758 marque un tournant dans le conflit. Les Britanniques, forts de leur nouvelle alliance en Europe avec Frédéric II de Prusse qui les libère de leurs obligations européennes, sont disposés à dégager des sommes d'argent importantes pour la guerre en Amérique. Ces efforts leur assureront une flotte des plus impressionnantes et une armée nettement plus nombreuse que celle de la France16. De plus, le nouveau gouvernement anglais de William Pitt planifie une stratégie pour conquérir la Nouvelle-France. Dès 1757, il orchestre l'invasion de la colonie17. Qui plus est, Versailles ne fournit à sa colonie que très peu de soutien. La métropole fait parvenir annuellement des ravitaillements, mais elle n'envoie que très peu de soldats18. À l'aube de l'année 1759, la situation s'annonce plutôt difficile pour les forces françaises et pour les colons canadiens. À l'opposé, forts de leurs victoires un peu partout sur le territoire, tous les espoirs sont permis pour les Britanniques.
Malgré les défaites infligées par les Français au cours des premières batailles, le nouveau gouvernement anglais de William Pitt, soutenu par son commandant en chef en Amérique, le comte de Loudoun, met sur pied une véritable offensive afin de prendre la colonie. Il planifie, pas à pas, une invasion de la Nouvelle-France. Pitt et Loudoun souhaitent d'abord prendre Louisbourg et se rendre par la suite à Québec par voie de mer. La prise de la colonie se terminerait par un combat à Montréal, où chemineraient trois armées : une par Albany en passant par la voie du lac Champlain; une du sud des Grands Lacs et une provenant de Québec. Afin de mettre ce plan à exécution, Pitt a prévu des renforts de troupes coloniales et un apport de la marine19.
Bien planifié, le plan connaît des succès à partir de l'année 1758 avec notamment la prise de Louisbourg (juillet), celle du fort Frontenac sur le lac Ontario (août) et celle du fort Duquesne dans la vallée de l'Ohio (novembre)20. Désormais, les visées de Londres et de ses troupes se portent vers les villes de Montréal et Québec, le cœur de la colonie. Déjà, on dresse les plans pour l'année 1759, dans l'espoir de développer une stratégie infaillible pour prendre ce qu'il reste de la Nouvelle-France. Le plan de Pitt est simple : prendre le territoire dans un mouvement de pince qui consisterait à diriger une puissante armée vers Québec et une autre vers Montréal. Le général Jeffery Amherst, nouvellement nommé commandant en chef de l'armée en Amérique, commandera cette dernière alors que l'expédition de Québec sera confiée au jeune officier James Wolfe21.