Gouvernement du Canada - Commission des champs de batails nationaux Gouvernement du Canada - Canada

Commission des Champs de bataille nationaux

Plaines d’Abraham

www.ccbn.gc.ca

 

LE SIÈGE DE QUÉBEC

Bataille de Montmorency

Déroulement / bilan

Cette alerte n'est pas sans créer un certain désordre que Wolfe remarque et qui l'amène à prendre une décision : modifier son plan et attaquer. Il ordonne conséquemment à Townshend et à Murray, qui se trouvent au campement de Montmorency, et à Monckton, à Pointe-Lévy, de se préparer. Dans l'après-midi, les troupes de Monckton s'apprêtent à effectuer un débarquement, mais sont arrêtés par une barrière de blocs de pierre visible uniquement à marée basse. L'opération est suspendue jusqu'à ce que le général décide d'un meilleur endroit pour s'exécuter. Vers 17h30, des Grenadiers et des hommes du 60e régiment mettent pied à terre et dirigent l'attaque. Parallèlement, les troupes de Townshend et de Murray traversent la rivière à gué au bas des chutes (uniquement possible à marée basse) et se dirigent vers l'ouest pour rejoindre les hommes de Monckton fraîchement débarqués.

Pendant ce temps, Montcalm suit les déplacements des troupes britanniques. Son défi est d'anticiper l'endroit où elles vont débarquer. Au fur et à mesure que progresse l'ennemi, il s'avère évident que la bataille sera livrée près de Montmorency. Montcalm renforce donc son aile gauche commandée par Lévis.

Du côté britannique, les soldats sont très fébriles. Ils attendent ce moment depuis maintenant un mois. Mais cette fébrilité les perdra. Les Grenadiers, sans attendre que les hommes de Monckton ou que ceux de Townshend et Murray ne soient arrivés pour supporter l'opération, partent à l'assaut des lignes ennemies en tentant d'escalader les hauteurs pour atteindre leurs retranchements. Les Français abandonnent sur le champ la redoute et ouvrent le feu99.

L'opération est désastreuse pour les Britanniques. D'abord, la pente à escalader par les Grenadiers s'avère beaucoup plus abrupte que Wolfe et ses hommes ne l'avaient évaluée. Et comme si ce désordre n'était pas suffisant, la nature vient jouer les trouble-fête. Alors que les Français sont vraisemblablement près de manquer de munitions, un orage éclate, rendant encore plus difficile, voir impossible, l'ascension de l'escarpement qui mène aux lignes françaises. Qui plus est, cette ascension est gênée par le feu de tirailleurs dissimulés dans des bosquets. Les habits rouges des Grenadiers offrent d'ailleurs une cible parfaite100.

Pendant ce temps, la pluie fait d'autres dommages : elle noie la poudre des fusils, mettant par le fait même fin à la fusillade qui a cours. Les Grenadiers se voient alors dans l'obligation de rebrousser chemin et se retirent à la redoute où les 15e et 78e régiments ont pris place. Quant à eux, les hommes de Townshend, peu avant l'orage, s'attaquent à la redoute du Sault. La situation n'est pas meilleure pour eux : les défenseurs, relativement à l'abri de la pluie, font un feu incessant sur leurs assaillants, dont la progression est ralentie par la boue101.

À ce moment, Wolfe a déjà compris que l'attaque est un échec. La marée commence à monter, ce qui risque de couper toute possibilité de retraite aux hommes de Townshend et de Murray. Ces derniers, avant même qu'ils aient pu rejoindre le reste de l'armée, doivent donc rebrousser chemin et retraverser la rivière Montmorency à gué avant qu'il ne soit trop tard. Quant aux régiments de la première brigade, incluant les Grenadiers encore vivants, ils repartent dans leurs bateaux, exception faite d'une partie du 78e régiment qui prend la direction du camp de Montmorency et escorte, par le fait même, le général Wolfe102.

À sept heures, l'orage est terminé, tout autant que la bataille de Montmorency. Alors que le ciel s'éclaircit et que la brume se dissipe, les Français peuvent voir, du haut de la falaise, le mouvement des troupes ennemies qui battent en retraite. Une immense acclamation retentit : les Français ont remporté la victoire!

Le bilan de l'opération chez les Britanniques est désastreux : 210 morts et 230 blessés. Quant à l'armée française, les pertes s'élèvent à environ 70 morts et blessés, la majorité tombée sous le feu de l'artillerie britannique installée du côté est de la rivière Montmorency103.  Les Français peuvent néanmoins respirer de nouveau. L'ennemi a été repoussé.

Haut de la page